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Publier une annonceVarangue et contremoule : l’âme de votre bateau
15/09/2016
Véritables témoins de la qualité et du passé du bateau, les varangues et contremoules sont d'autant plus importants à vérifier qu'ils échappent le plus souvent au regard.A voile ou à moteur, les carènes ont besoin de renforts internes pour pouvoir résister aux contraintes de la navigation : couple de redressement du lest pour les premières, passage dans les vagues et poussée du moteur pour les secondes. Réservé aux œuvres vives (la partie de la coque située sous la flottaison) ce type de structure se présente sous deux formes, une traditionnelle, les varangues, l'autre plus récente, les contremoules.
Les varangues
Les techniques de fabrication varient d'un matériau (bois, stratifié, métal...) et d'un chantier à l'autre, mais, en règle générale, les varangues sont réalisées in situ et stratifiées à même le bordé, sous les planchers. Elles sont souvent réalisées en bois, massif ou mieux lamellé, collées ou stratifiées au bordé à l'aide de bandes stratifiées. Dans ce dernier cas, on vérifiera qu'aucun perçage ne les traverse, auquel cas des risques de pourriture ou de délaminage sont à craindre : en reprenant de l'humidité, quasi-permanente dans les fonds, les fibres du bois risquent fort de gonfler et de faire éclater le stratifié... Pour éviter ce problème, certains constructeurs utilisent des âmes en mousse polyuréthane mais elles ne peuvent supporter la moindre pression de serrage. Les boulons de quille ou de bâti moteur seront donc obligatoirement situés dans les zones monolytiques, au plus près des renforts transverses. On sera tout aussi circonspect avec des varangues en contreplaqué, très sensibles aux reprises d'eau, et dont le croisement des plis internes affaiblit sérieusement la structure : la moitié des fibres est en effet orientée dans le mauvais sens (les plis d'un CP sont toujours croisés à 90°) et ne participe aucunement à la résistance de la pièce ! Vérifiez avec soin l'extrémité des varangues qui ne doit pas provoquer de points durs, susceptibles de perforer ou de déformer le bordé en cas de choc. Elle devrait se termine en biseau ou venir s'appuyer sur un élément structurel longitudinal (carlingue) L'interface varangues/bordé ne doit présenter absolument aucun signe de fissure, aussi légère soient-elles. Dans le cas contraire, on suspectera un talonnage ou une mauvaise mise en oeuvre. Une expertise plus poussée permettra de lever le doute, mais les réparations seront forcément compliquées et donc, coûteuses...
Les contremoules
Pour gagner du temps et diminuer les coûts de fabrication, de nombreux chantiers de série remplacent les varangues individuelles par un grand contremoule collé dans les fonds. Cette solution donne un aspect flatteur aux fonds et permet de gagner de nombreuses heures de travail. La résistance structurelle de l'ensemble dépend bien sûr de celle du collage, toujours délicat avec un stratifié déjà polymérisé. La question est d'autant plus sensible qu'il est impossible de voir le plan de joint, à l'abri des regards derrière le contremoule. Suite à un accident de grutage ou un talonnage en navigation, les risques de délaminage ou de décollement ont toutes les chances de passer inaperçus. Il en est de même avec les reprises d'humidité, pratiquement impossibles à contrôler. En cas de problème, les frais de réparation risquent fort de dépasser largement la valeur vénale du navire, car il faudra retirer la majeure partie des aménagements et des réseaux, détruire tout ou partie du contremoule et tout reconstruire ! Là encore, l'assemblage contremoule/bordé ne devra présenter absolument aucune fissure ni aucun signe de flexion anormale ou décollement. En cas de doute, explorer la surface en frappant avec un petit maillet. Scrutez avec une attention particulière tous les perçages ou passages de câbles ou de tuyaux qui sont autant d'entrées d'eau, potentiellement destructrice pour tous les inserts métalliques ou en bois cachés dessous.