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Publier une annonceUn bateau s'use quand on ne l'utilise pas !
14/03/2016
Les idées reçues ont parfois la vie dure… Celle qui consiste à penser qu’une occasion est forcément attractive parce qu’elle a peu servi en est un exemple flagrant. Et pourtant, il apparaît qu’un bateau qui a été utilisé intelligemment connaîtra moins de pépins qu’une unité qui reste sous cloche.
Les petites annonces fourmillent de ce genre de propos censés rassurer l’acheteur : « très peu d’heures moteur… », « très peu navigué… » ou bien encore « comme neuf ! ». Croyant bien faire, les vendeurs voient là un moyen de se distinguer à peu de frais d’une autre petite annonce proposant le même modèle. Sauf qu’en y regardant de plus près, l’avantage n’en est pas toujours un. En France, la moyenne annuelle d’utilisation de son bateau est de 40 à 60 heures. Et encore… A y regarder d’un peu plus près, la France se situe plus du côté des 40 que des 60. Bref, le plaisancier hexagonal est souvent obligé de composer avec la météo, les vacances ou les week-end. Ce qui donne au final une saison de navigation assez courte. Conséquence : les bateaux naviguent peu, avec tous les inconvénients que cela peut provoquer. Le plus parlant est peut-être celui du moteur. On croit à tort qu’un faible nombre d’heure moteur est un avantage mais selon nos experts maritimes, « il est préférable de choisir un hors-bord ou un in-board qui a été correctement entretenu mais qui possède un nombre d’heures supérieur à la moyenne plutôt qu’un modèle peu utilisé et mal (ou pas du tout !) entretenu ». Le cas le plus fréquent est celui du plaisancier qui se vante d’avoir tellement peu navigué (et c’est effectivement vrai) qu’il a décidé de se passer des révisions, des vidanges ou d’un hivernage dans les règles après une saison de navigation ! Le parallèle avec le secteur de l’automobile est toujours délicat dans la plaisance, et pourtant, nombreux sont ceux qui le tentent. Sauf qu’ici, il n’est pas question de kilomètres. D’une manière générale, ce n’est pas un faible nombre d’heures moteur qui changera l’état du bateau, mais plutôt la façon dont il été entretenu. Et pour ceux qui ne peuvent pas naviguer beaucoup dans l’année – cela arrive – il est recommandé de désarmer le bateau, car une remise en état coûte forcément plus cher. Pour illustrer ces propos, nous avons sélectionné 15 bonnes raisons qui permettent de comprendre pourquoi il est préférable d’utiliser son bateau (à bon escient, évidemment), plutôt que d’en faire un bateau ventouse. Bonnes navigations !
1. Faire de la place
A l’heure où les places de port deviennent une denrée rare et où certaines capitaineries font la chasse aux bateaux ventouses, il semble logique de mettre son unité au sec. Dans le cas contraire, et si votre bateau le permet, il serait préférable d’opter pour une place de port à sec ou pourquoi pas, sur remorque. Votre budget ne s’en portera que mieux.
2. Une carène propre
Plus vous naviguez, moins votre carène se salira. C’est notamment le cas pour les bateaux dotés d’antifouling auto-érodable ou à la silicone. C’est en naviguant régulièrement, avec suffisamment de vitesse, que les saletés s’en iront.
3. Des voiles à poste
Que dire des génois qui restent à poste plus d’une saison, ferlés sur leur enrouleur ? Ou bien encore des grand-voiles ferlées à la va-vite sur la bôme, enveloppées dans leur taud ? Ce genre de « rangement » conviendra si vous naviguez souvent, mais il atteindra vite ses limites pour quelques sorties par an. Il est conseillé de les lessiver une fois par, surtout si elles servent peu !
4. Traquez l’humidité
Si votre bateau navigue peu, et si vous ne pouvez pas aérer fréquemment, l’humidité risque de gagner tout le bateau. Sellerie, brassières, rideaux, etc. Tout ce qui est à base de textile risque de souffrir particulièrement. Un absorbeur d’humidité est dans tous les cas recommandé, eu égard au milieu marin, humide par définition. Hors utilisation, les planchers peuvent rester soulevés afin que les fonds restent également secs.
5. Evitez le nichoir à mouette
En cas de non-utilisation prolongée, votre bateau va rapidement se transformer en reposoir à mouettes et goélands, avec toutes les conséquences désagréables que cela peut engendrer, la plus fréquente étant les fientes qui s’incrustent dans le gel-coat et qui deviennent difficiles à retirer à la longue. Dans l’eau, la carène va se salir avec bernic, concrétions et mollusques divers pouvant obstruer les ouies de refroidissement, passes-coque etc… L’hélice sale a également un très mauais rendement.
6. De la poussière dans le réservoir
Si vous laissez votre moteur hors service pendant une longue période et que vous n’avez pas pris la peine de vidanger votre réservoir (ou d’y ajouter un stabilisant ou additif), vous risquez de vous retrouver avec des bactéries dans le réservoir. Pour les réservoirs en partie vides, la condensation peut égalementr apparaître.
7. Des batteries au top
D’une manière générale, contrôlez l’état des batteries. Naviguer au moteur les fera se recharger naturellement. Au mieux, branchez-vous à quai lorsque c’est possible et si vous disposez d’un chargeur mais ne le laissez pas branché continuellement.
8. Des WC vidangés
L’eau stagnante dans des WC marins sera vecteur de mauvaises odeurs. Des produits nettoyants existent heureusement pour palier ce problème. De même que les joints risquent de craqueler. Des huiles permettront de lubrifier le mécanisme de la pompe.
9. Coup de pompe
Au bout d’un certain temps, les crépines de la pompe de cale va se boucher, sous l’effet des différentes saletés qui se seront accumulées. L’idéal est d’en vérifier régulièrement le fonctionnement en remplissant les fonds d’un peu d’eau.
10. Le moteur doit fonctionner
Le bilan d’un moteur qui ne tourne pas n’est guère reluisant : les joints vont sécher et lâcher à terme, la condensation et l’humidité marine vont se former, bloquant le piston dans le cylindre, idem pour les roulements non huilés. Quant à la pompe à eau, les pâles risquent de se déteriorer. Si une petite virée de temps en temps ne fait pas de mal, prenez garde quand même de le laisser chauffer un peu avant de pousser les gaz à fond et de bien vérifier le bon refroidissement général.
11. Un gréement courant pas dormant
Sur les voiliers, le gréement courant s’usera d’autant qu’il ne sert pas. En effet, à l’image des drisses (celle qui restent à l’extérieur du mât) qui risquent d’être attaquées par les UV ou de verdir. La partie de la drisse qui est laissée à l’intérieur du mât ne sera pas touchée par ces désagréments.
12. Des tauds et capotes qui marquent
Ce genre d’équipement souffre de rester en place s’il ne sert pas. Plusieurs éléments sont mis à mal, comme les coutures qui deviennent cassantes avec les UV, les transparents qui jaunissent ou le tissu qui marque au niveau des points de renforts (souvent près des arceaux en inox qui servent à donner la forme). Mieux vaut démonter ou replier son bimini à chaque fois, si vous ne naviguez pas souvent.
13. L’annexe souffre
Sur ses bossoirs, une annexe risque d’être soumise aux UV, sans parler de la tension des amarres qui la maintiennent aux portiques. Si vous ne naviguez pas pendant longtemps, laissez la légèrement dégonflée et dans un endroit à l’ombre. Enfin, il est plus que recommandé de retirer le moteur hors-bord pour éviter de fatiguer le tableau arrière et évidemment, de rincer le circuit de refroidissement.
14. L’accastillage reste actif
Winches, réas de poulie, chariot, glissières… Autant d’équipements qui trinquent dès qu’il ne servent plus . En composites ou en métal, ils nécessitent un entretien régulier ou un bon lubrifiage en cas de non-utilisation.
15. Un cocon sinon rien
Il n’y a pas qu’au ponton qu’un bateau inactif s’use. A terre, stationné sans protection, votre unité sera soumise à la poussière, au vent, aux saletés, à la pluie et à l’humidité. Beaucoup de soucis alors qu’un cocon (bien monté avec deux aérations) lui évitera tous ces tracas. Attention : le cocon n’est efficace que si le navire est nettoyé et sec, surtout dans les aménagements et fonds (sous les planchers et la cale moteur).
S’en servir ou pas ?
L’avis des experts maritimes, Pascal Marty et Jean-Michel Viant…
1. Quels conseils donneriez-vous à un plaisancier qui navigue peu ?
Soit le bateau peut stationner à terre après un bon nettoyage et séchage, soit étant à flot, le bateau doit pouvoir être fréquemment visité et surveillé, sans pour autant naviguer mais en faisant fonctionner tous les équipements à quai.
2. A partir de quand considère-t-on que l’on navigue beaucoup ?
Un navire navigue beaucoup lorsqu’il dépasse largement, de dix fois environ la moyenne habituelle de navigation, tant dans les heures moteurs que dans le nombres de mille parcourus.