Aménagements intérieurs : SYCI : le refit version 3D

Prolonger la durée de vie d’un bateau passe, certes, par ses organes vitaux, tels le moteur, l’accastillage ou le jeu de voile. Mais les aménagements sont également concernés. Partant de ce constat, la société SYCI vient de mettre au point un ingénieux système de numérisation 3D qui permet de changer d’intérieur très facilement.

 Vous en avez assez de votre vieux « deux cabines » des années 80 ? La solution existe et vous avez tout à y gagner ! Non seulement, vous prolongerez la durée de vie de votre bateau, vous le rendrez « dans le coup » et surtout, vous lui apporterez une valeur supplémentaire, non négligeable le jour où vous voudrez le vendre. Fort de ce constat, SYCI vient de mettre au point un outil inédit mêlant à la fois le sur-mesure et un processus industriel. A la tête de SYCI (pour Sailboats and yachts customizable interiors, société 100% bretonne), deux associés : Johann Prod’homme et Philippe Coroller. Ce dernier avoue avoir eu l’idée du concept après un vandalisme à bord de son propre voilier. Devant le coût exorbitant du refit, trois fois supérieur à une rénovation dans le domaine du bâtiment, ce spécialiste de l’agencement décide de se lancer en 2017, en compagnie de Johann Prod’homme, ancien océanographe et surtout spécialiste du numérique et développeur en innovation. « On reconditionne bien des voitures, pourquoi pas des bateaux ? », annonce d’emblée ce dernier. Sauf qu’ici, l’idée est d’industrialiser l’outil, notamment pour gagner du temps. Par exemple, la prise manuelle de cotes pour un refit intérieur (à bord d’un bateau de 10 mètres) prend deux semaines contre trois heures avec la technique SYCI ! Concrètement, le scanner va réaliser une empreinte de la coque intérieure, formant ainsi un gabarit qui sera maillé de multiples points. L’ensemble de cette image va être transformé par un logiciel d’aménagement intérieur qui sera non seulement capable de garantir la précision nécessaire à un tel refit, mais il tiendra compte d’éventuelles torsions de la coque. Pour cela, SYCI a développé un système de plugs, sortes de « vérins » réglables qui joueront le rôle de silent-bloc. Ce sont eux qui assureront le lien entre la coque et la nouvelle « peau » intérieure.

Un espace entre la coque et les aménagements

Au-delà du simple aspect de fixation, ils présentent l’intérêt de laisser un espace entre la coque et les aménagements, facilitant ainsi le passage des câblages. L’espace libre assure également une isolation supplémentaire et permet enfin à la condensation, au cas où elle se formerait à bord, de rejoindre directement les fonds de cale, sans imprégner ni pourrir les aménagements. Johann Prod’homme précise également qu’il est possible de revenir à l’état initial de la coque, si toutefois on souhaite un jour démonter les aménagements. Autre avantage et non des moindres : le gain de place. Entre l’ancienne version et les nouveaux aménagements, jusqu’à 80 centimètres peuvent être gagnés. Ce qui est loin d’être anodin à bord d’une unité de 10 mètres. Avec l’espace laissé libre entre la coque et les aménagements (environ 7 à 8 centimètres), on aurait pu croire le contraire. Mais en fait, l’optimisation du logiciel est telle que l’espace est supérieur à celui de l’ancienne version. A cela s’ajoute également le ceintrage des nouveaux aménagements qui épousent la forme du bordé alors que ceux d’origine sont généralement montés entre eux avec des angles à 90°. L’étape suivante – la fixation à proprement parler – s’effectue avec différentes colles en fonction du matériau de la coque.

Réaliser un devis en direct à terme

Les emplacements (définis au préalable par le logiciel) sont délimités au laser pour un assemblage de haute précision, issu de l’aéronautique. Le système offre évidemment une capacité de personnalisation quasi infinie, qu’il s’agisse des textures des surfaces, des matériaux (stratifiés, naturels, etc.). La société, créée en 2017, vise en 2018 plusieurs étapes, parmi laquelle celle de réaliser un devis en direct, via leur site internet qui s’apparenterait à un configurateur. Une bibliothèque de carène sera présente et permettra d’affiner son projet, de réaliser un cahier des charges, de confirmer ses besoins et donc le coût final d’une telle opération. « Le but est de désacraliser le processus d’un chantier de refit », explique Johann Prod’homme. Précisons d’emblée que le système s’avère pertinent à partir d’unité de 10 mètres, voiliers ou bateaux à moteur. L’année 2018 sera également celle des premières réalisations, en directe, mais à terme, le but est d’obtenir un réseau de chantiers formés à la pose en 2019. Si le marché visé est celui de l’occasion, plusieurs pistes sont envisagées avec des chantiers, notamment haut de gamme, qui pourraient sous-traiter la partie aménagement. L’offre pourrait concerner également les anciennes unités de courses, afin de leur redonner une nouvelle jeunesse au sein d’une catégorie davantage course-croisière, avec un programme plus familial. SYCI, qui a reçu le Prix de l’Innovation Futuropolis 2017, annonce travailler au lancement d’une machine spécialement dédiée au double ceintrage des panneaux, permettant de maîtriser la chaîne du début à la fin du processus.

• SYCI. Baie d’Armor – Cap entreprise. 30, avenue des Châtelets. 22950 Trégueux. Tél. : 02 96 76 63 63. Email : contact@syci.fr